Dent d’Oche (2222m), par la face sud
- Randonnée
- Chablais Haute-Savoie Bernex
- Difficulté :
- Difficile
- Dénivelé :
- 1020m
- Durée :
- 5h
Vue du vallon d'Oche, la Dent d'Oche exhibe son intimidante face sud, dédale de ressauts calcaires... Pourtant, un cheminement existe pour rejoindre la crête sommitale, se faufilant entre couloirs et rampes herbeuses, raide mais sans excès. Un itinéraire totalement hors des sentiers battus pour accéder à ce sommet pourtant archi-parcouru, à réserver aux montagnards expérimentés adeptes des ambiances austères dans les terrains à bouquetins. – Auteur : Pascal
Accès
Thonon ou Evian - Publier - Bernex, route de Pré Richard, parking à la Fétiuère.
Précisions sur la difficulté
Cet itinéraire est une variante à la classique Dent d’Oche par les chalets d’Oche, cependant totalement hors-sentier entre le vallon d’Oche et la crête sommitale, sans aucun balisage. Le parcours est relativement logique une fois qu’on a visualisé le cheminement dans la face, et avec un peu de sens de l’itinéraire on ne devrait pas se tromper.
Le parcours requiert de l’expérience pour se déplacer hors-sentier dans les terrains à chamois parfois raides. Il se déroule pour l’essentiel dans des couloirs et rampes herbeuses raides mais sans excès, ne posant pas de réels problèmes pour progresser. Ce n’est que dans les passages les plus raides que le parcours est exposé. La principale difficulté se situe sur un ressaut au milieu du parcours, où on a le choix entre grimper une croupe de mixte rocher-herbe peu difficile mais peu franc, ou bien contourner le passage par un couloir terreux et quelques vires herbeuses faciles mais exposées. Plus haut, une deuxième croupe à grimper est beaucoup plus facile.
Terrain sec et chaussures adaptées de rigueur. Un piolet n’est pas nécessaire, mais peut être conseillé pour assurer les ressauts herbeux les plus raides, bien que son efficacité soit limitée étant donné que la terre est souvent truffée de graviers. Un casque est fortement conseillé dans la mesure où ces pentes propices aux chutes de pierres sont l’habitat de nombreux bouquetins, sans parler des "touristes" au sommet qui lancent des pierres dans la face "juste pour voir ce que ça fait".
Photos
Les infos essentielles
- Altitude départ : 1206m.
- Altitude Sommet : 2222m.
- Durée : 5h.
- Carte IGN : TOP25 3528ET Morzine - Massif du Chablais - Les Portes du Soleil.
Période
Praticable par terrain sec, en conditions estivales lorsque la neige a totalement libéré l’itinéraire (À constater de visu depuis le vallon d’Oche, éventuellement en montant sur le sentier du lac de la Case pour une meilleure vue). Cela peut arriver assez vite en début de saison en raison de l’exposition de la face. Veiller également à ce que l’itinéraire de descente soit suffisamment déneigé.
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Itinéraire
Ascension
De la Fétiuère, prendre le sentier habituel de la Dent d’Oche jusqu’aux chalets d’Oche. Poursuivre quelques centaines de mètres sur le sentier en fond de vallon, jusqu’à atteindre la bifurcation du sentier en direction du lac de la Case.
Quitter le sentier et prendre de l’altitude dans une montée en traversée au-dessus du vallon à travers de faciles pentes herbeuses coupées de quelques pierriers. Après un petit passage raide, on passe sous un premier long couloir descendant de la face. L’ignorer et poursuivre la traversée pour contourner une petite barre rocheuse, jusqu’à être en vue du col de Planchamp.
On se trouve sous un large couloir rampe traversé par quelques pierriers, semblant aboutir à une petite grotte à son extrémité supérieure. Remonter ce couloir, en préférant son bord supérieur pour éviter la caillasse et profiter de quelques sentes à bouquetins. On délaisse à droite un couloir secondaire, et le terrain se raidit un peu.
Il faut maintenant atteindre une partie encaissée du couloir à droite de la grotte, au-dessus d’un raide ressaut. La solution la plus directe consiste à grimper une croupe de mixte herbe-rochers sur la droite. Le terrain n’est pas trop difficile mais assez pourri, il faudra s’assurer que les prises sont solides avant de tirer dessus. Une autre solution serait de poursuivre le raide couloir d’herbe terreuse pour atteindre la grotte, puis de traverser vers la droite par un système de vires herbeuses faciles mais exposées.
La montée se poursuit, plus facile, dans l’encaissement. Ne pas trainer dans ce lieu, car on est au fond d’un entonnoir récoltant les pierres d’une partie de la face supérieure. Y fait suite une raide mais confortable rampe herbeuse vers la gauche, qu’on remontera presque jusqu’à son extrémité. Le terrain se fait plus débonnaire. Repérer alors une croupe évidente qu’on grimpe facilement pour rejoindre une petite crête secondaire derrière laquelle le refuge de la Dent d’Oche est en vue. Il n’y a plus qu’à remonter cette crête débonnaire sur le fil pour rejoindre le sentier en provenance du refuge, puis le sommet.
Descente
La descente par cet itinéraire est déconseillée, à moins de parfaitement maîtriser le parcours et d’être très a l’aise dans ce type de terrain. On préfèrera les sentiers habituels de la Dent d’Oche, soit par le refuge, le plus court pour rejoindre les chalets d’Oche, soit par le col de Planchamp, un peu plus long et un peu plus facile et surtout moins fréquenté. Ce dernier permet en outre un court détour par le lac de la Case, lieu absolument magnifique dans la lumière de la fin de journée.
Détail de la sortie du 10 juillet 2019
Il était pourtant beau, ce couloir barrant la face sud d’une belle entaille rectiligne. Hélas, après avoir affronté sa raideur et en avoir franchi tous les ressauts, il a fallu se rendre à l’évidence : Butant sur une ligne de crête juste en face du refuge dont on est séparé par une belle barre verticale, impossible de continuer dans les dalles beaucoup trop raides pour remonter la crête... Il n’y a plus qu’à tout redescendre et tout refranchir dans l’autre sens, prudemment...
C’était trois semaines plus tôt. Nouvelle tentative ce jour-ci, estival et pas trop chaud, après avoir laissé passer la période de canicule rendant toute face sud infréquentable. Cette fois ce sera cet itinéraire un peu moins direct, mais plutôt esthétique de par ses belles rampes, posant de visu moins de problèmes, si ce n’est cette zone raide sous la grotte... Après avoir étudié les photos du lieu faites lors des précédentes sorties, on s’y lance...
Départ vers 14h de la Fétiuère, on monte rapidement aux chalets, puis on quitte la foule pour rejoindre la base du couloir. Pour l’instant, c’est facile. Le couloir lui même se remonte facilement, même si la raideur fait chauffer cuisses et mollets...
Arrivée au ressaut sous la grotte. Après avoir examiné les lieux, choisissons donc de grimper par cette croupe, pas trop raide, elle a l’air praticable. On s’y lance. C’est en fait un peu plus délicat qu’anticipé, car pas mal de prises ne sont pas sûres et se descellent facilement. On est prudent, il faut tout vérifier... N’était-ce pas plus facile de monter à la grotte et de traverser par les vires ? À défaut d’avoir essayé, le débat reste ouvert...
On poursuit dans le couloir encaissé. Malgré la raideur, c’est facile, on rejoint la rampe ascendante qui finalement n’offre aucune mauvaise surprise. Même une dalle rocheuse douteuse vu de loin ne pose finalement aucun problème.
Une dernière croupe à grimper, voilà enfin le haut de la crête, bien au-dessus du point de but d’il y a trois semaines. La petite partie rocheuse, qui semblait douteuse sur les photos aériennes, se franchit facilement. Et voilà enfin le sentier, qu’on connait par cœur et qu’il n’y a plus qu’à suivre jusqu’au sommet... L’itinéraire est réussi. Bon, il ne faut quand même pas relâcher l’attention car ici, contrairement à plus bas, les rochers du sentier sont patinés et abominablement glissants.
On ira se poser sur un joli promontoire herbeux dominant la face sud pour la pause casse-croûte, loin de la foule du sommet.
17h30, descente tranquille vers le col de Planchamp, avec cependant une idée derrière la tête. Un topo "ski pente raide" existe pour la face sud de la Dent d’Oche, mais emprunte une ligne plus à droite que l’itinéraire parcouru, qu’on atteint en s’engageant dans une bifurcation à droite du couloir avant d’arriver au ressaut de la grotte. Étant donné que les 3/4 du dénivelé sont déjà faits, pourquoi ne pas profiter d’être dans les lieux pour aller voir ?
Retour à la base du couloir qu’on remonte une nouvelle fois pour s’engager dans la bifurcation. Ça monte bien mais c’est de plus en plus raide et malcommode, jusqu’à finalement buter sur le ressaut de dalles dont parlait le topo. Trop raide à mon goût sur un terrain trop incertain, et soucieux de ne pas briser une règle d’or de ce genre d’exploration : tout ce qui est grimpé doit pouvoir être redescendu sans encombre. Quand on ne le sent pas, il ne faut jamais forcer le passage...
Bon, voilà... Il est 19h, direction un dernier spot au soleil sur un promontoire pour une pause panorama avant que la face entière ne plonge dans l’ombre, puis on redescend... Remonter au sommet par l’itinéraire déjà exploré pour y trouver le coucher de soleil ? Peu motivé pour cela, d’autant plus que les voiles nuageux annoncés par la météo commençaient à poindre à l’horizon. Descendons plutôt finir la journée sur les verdoyantes bosses herbeuses fleuries entourant le lac de la Case. Quelques bivouaqueurs avaient élu domicile sur les rives du lac et profitaient du lieux merveilleux dans l’éclat chaud de la fin de journée, quitte à en payer le prix plus tard : offrir la pitance aux nuées de moustiques qui habitent les lieux.
Une dernière petite dose de motivation orientera la fin du parcours vers les crêtes herbeuses en direction de la Pointe de Pelluaz, pour ensuite redescendre sur pré Richard. Parcours sur le fil et derniers instants de panorama colorés sur les crêtes du Chablais avant que le soleil ne soit tamisé par les voiles...
On passe près d’un grand troupeau de moutons et de chèvres, la moitié dans l’enclos et l’autre moitié en dehors à faire la queue pour redescendre par le télésiège (euh, c’est normal ?). Redescente tranquille dans la tranquillité du soir par les pistes de ski puis par la route, fin de la balade vers 21h30.
Auteur : Pascal
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