Dent Jaune des Dents du Midi (3186m) - Couloir NO et cheminée champérolaine

Difficulté :
Alpinisme AD
Dénivelé :
2000m
Durée :
1 jour

La petite face sud-ouest de la Dent Jaune présente trois grosses cheminées qui permettent d'atteindre sans grande difficulté le sommet. – Auteur :

Accès

Dans le Valais, se rendre à Monthey puis monter à Choex. Prendre la route des Rives et trouver un emplacement où se garer entre Valazin et Deforan.

Pour aller plus haut, il existe une piste carrossable pour monter au Signal de Soi depuis Valazin.

Précisions sur la difficulté

  • Le rocher est délité, gare aux prises, gare au second.
  • Quelques chutes de pierres et coulées dans le couloir NW quand les températures remontent.
  • La trace gps n’est qu’illustrative, surtout à partir de la rimaye.

Les infos essentielles

  • Dénivelé : 2000 m
  • Difficulté : TD- > AD (5c+ > 3a, 40°).
  • Matériel :
    • Casque.
    • Coinceurs variés et friends de toutes tailles, sangles, quelques dégaines.
    • Corde de 40 m ou plus pour le rappel de la voie normale de la Dent Jaune.
    • Crampons et piolet pour le couloir.
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Itinéraire

Approche

De la route des Rives prendre la route de Soi, piste carrossable qui amène au Signal de Soi.

Suivre ensuite le sentier sur la crête, crête qu’il abandonne en partant dans les pentes sur la droite pour rejoindre le lac de Soi. Cadre enchanteur.

Poursuivre vers le sud-ouest pour atteindre le pied du cône de déjection vers 2300 m issu des couloirs de la Dent Jaune et des Doigts qui se rejoignent à leur base.

Couloir

À la rimaye, négocier au mieux un ressaut rocheux facile (II ou III sur 30 m) pour prendre pied dans le couloir. Le suivre jusqu’à son terme (40° en moyenne). Cadre lugubre et exceptionnel.

Cheminée

Depuis le col, atteindre la base de la paroi de la face sud-ouest par des gradins faciles mais au terrain délicat ou par la crête équipée de goujons jusqu’à la base de la paroi.

On se retrouve face aux trois cheminées rayant la face :

  • Cheminée Champérolaine, AD (3a) : c’est la plus à gauche et la plus facile, rocher délité.
  • Cheminée Centrale, D (4a) : la cheminée présente une escalade plus exposée que les deux autres.
  • Cheminée Massacrante, TD- (5c+) : cheminée la plus à droite, départ exposé.

Sortir puis atteindre facilement le sommet par son arête nord-ouest (PD, II).

Descente

Du sommet, suivre l’arête nord-est en restant sur le fil. Quelques gradins en III à désescalader (parfois équipés). Passer une dalle inclinée équipée pour trouver un relais chaîné. Attention en cas de neige.

Descendre en rappel sur 20 m pour prendre pied sur la grande vire qui raye la face est de la Dent Jaune. C’est la "vire aux Genevois".

La suivre jusqu’à son terme - on croise une plaque commémorative avant que la vire devienne moins franche et se transforme en gradins, spits en place - pour rejoindre le col de la Dent Jaune (AD-, III).

De là, suivant les conditions du couloir :

  • Soit redescendre par celui-ci et reprendre le chemin de montée,
  • Soit longer en ascendance les Doigts et la Haute-Cime dans les pierriers pour atteindre le col des Paresseux. Continuer à longer de niveau pour rejoindre l’arête sud-ouest de la Haute-Cime (arête des Lacs), et suivre l’itinéraire de la Pente des Lacs. Une fois la crête de Sélaire atteinte, bifurquer main droite pour rejoindre le plateau de Soi et reprendre le chemin de montée. Rajouter 2 à 3 heures de plus par rapport à une descente directe du couloir.

Sortie, impressions

Encore un truc en tête depuis des lustres, un truc ... surprenant.

Il est ardu le 3a du coin ! À titre perso si je compare avec tous les trois que j’ai vu, ici on tourne plutôt dans le 4/4sup. Donc on est parti un peu comme des touristes, avec un minimum de matos, un topo vaguement relu l’avant-veille. Bah oui, du 3 c’est de la rando ! qu’on se dit.

Eh bien pas ici, il faut bien s’employer entre renfougnes, prises qui pètent, coinceurs qui sautent (même les friends tiennent mal...), pierres qui fusent (mon sac a bien servi ici).

Je sais, ce n’est pas vendeur, mais c’est quand même une chouette balade si on s’y est préparé, c’est sauvage, c’est beau.

On a un peu erré pour trouver un passage sain durant l’approche, pour se motiver, pour accepter de prendre le risque, et pour se décider où on monterait aussi. La Centrale ne m’inspirait franchement pas, la Massacrante a l’air vraiment chouette. On a 1 heure 30 de retard sur l’horaire envisagé. Pas grave, on se rattrapera.

La grimpe est nerveuse physiquement, ou l’inverse. On grimpe dans une odeur omniprésente de souffre car on ne se prive pas de "nettoyer" l’itinéraire, sait-on jamais, des fois que ça devienne une classique. Avis aux suivants, il reste quelques poussières, on n’a pas eu le temps de finir. Et puis il faut laisser suffisamment de matière à la montagne pour qu’elle reste une montagne malgré tout.

Joie au sommet, grosse pause.

Plus qu’à descendre. "Tu te souviens du topo ?" "Bwarf, c’est par là, puis y aura un rappel, on devrait le voir, t’inquiète. Puis c’est une voie normale, ce sera plus simple."

Du coup avec les plaques de neige sur les dalles, on descend sur des œufs, on loupe le rappel, on en trouve un plus loin tout miteux juste sous une corniche, du type de celles qu’on voit s’effondrer régulièrement depuis les sommets et arêtes environnants. Bref on n’est pas encore détendus, ni descendus...

Rappel, on atterrit sur une magnifique vire plane déversante, du type photogénique et que ça m’évoque vaguement les photos des compte-rendus lus par-ci par-là. Super, ça va dérouler. Au bout, plus rien. Juste une paroi et deux pitons rouillés.

Ah ... on a pas grand chose pour se protéger en TA, puis la rouste psychologique qu’on s’est prise dans la cheminée ne nous motive pas à nous lancer dans ce pari. Notre corde est probablement trop courte pour utiliser les pitons pour un rappel jusque... plus bas, mais où ?

Tant pis, on remonte. Péniblement en plus, c’est pas marrant sinon. On a déjà à 5 heures de retard sur l’horaire prévu. On est bons on est bons ! Puis il fait jour tard.
Retour sur l’arête nord-est, on remonte, on scrute, et on trouve une chaîne sous une petite corniche. Bingo a priori. Les chaînes ça fait très "voie normale", ça colle bien avec les spits rencontrés occasionnellement sur l’arête.

On tente, et c’est bon.

Du coup cette vire, partiellement enneigée, est moins photogénique. Je ne la reconnais pas. Mais il y a des spits, une plaque commémorative, on n’est plus perdus.

Retour au col, on se surprend à espérer descendre plus rapidement. On s’offre même le droit de souffler un peu.

On a désormais 7 heures de retard sur notre horaire, si c’est pas la classe tout ça ? J’ai décidément du mal avec ce massif (souvenirs émus de randos qui durent 20 heures, inexplicablement).

Je m’attendais au pire dans le couloir, une guerre entre les pierres et les coulées, et nous entre les deux. J’avais même accepté de faire le détour par le col des Paresseux et la Pente des Lacs, résigné d’avance. Mais en fait, pas du tout : pas plus de pierres que normalement, uniquement des coulées de sorbet déclenchées par nos pas de sangliers. Descente rapide dans cette soupe, arrivée au plateau de Soi... On souffle vraiment, c’est enfin terminé.

Eh bien, beau voyage, complètement seuls au monde.

Pas vu mes copains patous de la dernière fois.

Avertissements et Droits d'auteur

Randonnée réalisée le 13 juin 2021

Dernière modification : 14 juin 2023

Avis et commentaires

Une sortie sans petite galère est une sortie insipide, elle ne laissera pas de souvenir ou de petite anecdote à raconter à long terme.

Hello !
Je ne sais pas ce qui m’a le plus fait rire : la description de la descente dans ce topo, ou celle de la montée dans celui-ci : altituderando.com/Le-Buet..., avec le cerveau resté dans la voiture. Il me semble que même les non-alpinistes dont je suis peuvent reconnaître certaines de ces tribulations...Merci pour ces partages !

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