Tête de Pelouse (2922m) et Bosse du Lauzanier (2793m), en traversée par le Vallon du Lauzanier

Avant-récit

L’Ubaye regorge de pépites de sommets qui sont vraiment peu populaires et qui pourtant sont proéminents et méritent réellement une visite ! La Tête de Pelouse illustre ce cas et avec cet itinéraire aventureux réalisant la traversée intégrale de ses crêtes, vous serez comblés par son charme et son caractère haute-montagne !

Récit de la traversée de la Tête de Pelouse

• Ascension de la Bosse du Lauzanier (2793m)

Du parking, partir plein sud sur le G.R 5/56 pratiquement plat, en direction du Lac du Lauzanier et du Pas de la Cavale.

Passer la petite Cabane des Eyssalps et poursuivre le large et familial sentier qui devient un peu plus pentu.

Au niveau d’une passerelle et d’un panneau directionnel "Lac du Lauzanier" situés à l’altitude 2204m, bifurquer franchement à droite (ouest) sur une bonne sente qui monte dans l’alpage.

Celle-ci remonte la rive gauche du Ravin de Pardon et emprunte ensuite une direction sud-ouest.

Vers l’altitude approximative 2250m, emprunter le sentier qui rejoint en lacets le Col du Quartier d’Août, et laisser les alpages plein sud qui vont en direction du Lac Inférieur des Hommes, puis le Lac Supérieur.

Rejoindre alors, le Col du Quartier d’Août, point de départ de la crête, la Côte d’Abriès. Une crête que l’on ne quittera plus !

Et en arrivant sur la Côte d’Abriès, au Col du Quartier d’Août, une dernière pente d’éboulis / blocs rocheux mènent au bout de 100 mètres de dénivelé aux gros dédale de blocs placé au sommet de la Bosse du Lauzanier (2793m), premier sommet de la traversée !

L’escarpée ligne de crête finissant à la Tête de Pelouse devient alors visible !

On peut se faire un avis tranché sur le parcours jusqu’au point culminant : la Tête de Pelouse (2922m).

• De la Bosse du Lauzanier à la Tête de Pelouse...

Traverser la Bosse du Lauzanier en désescaladant les blocs sommitaux par l’autre côté et en arrivant au beau milieu d’une zone plate sur la crête, avec plus d’herbe. ; passer la Baisse du Lauzanier (2716m) et remonter au culmen d’en face, à 2793m également, sans trop de difficultés.

Après le point 2793m, on continue de traverser une zone peu aérienne jusqu’au point 2849m.

Ensuite, la crête devient plus franchement accidentelle : des stries rocheuses et petits ressauts descendants s’enchaînent et il faut parfois les contourner par l’Est (à gauche).

Par quelques passages exposés et des rochers un peu tranchants, de médiocre qualité au passage, on atteint une petite brèche puis s’en suit un ressaut de stries dalleuses raides que l’on contourne évidemment par la gauche (banquettes herbeuses).

Plus haut de nouveaux éboulis apparaissent ainsi qu’un terrain type glaciaire avec un dédale de dalles / herbes / éboulis qui se remonte sans trop de problèmes (pente inclinée à 30° max.).

Par cette configuration, on monte vers le sommet de la Tête de Pelouse (2922m) qui mine de rien se mérite car cette ascension finale est quelque peu monotone et physique ! Mais la récompense se trouve au sommet avec la découverte d’un magnifique panorama :

Au Nord-Ouest on peut admirer pratiquement l’intégralité de l’immense arête de Cuguret (2912m) / Siguret (3032m) sur laquelle la Tête de Fer (2883m) et le Bec de l’Aigle (2815m) parviennent à se faire une belle place.
Au Nord, les massifs du Chambeyron, du Queyras et des Ecrins sont bien en place !
La Tête de Moïse domine tous ses sujets au Nord-Est, et la grande voisine de l’Enchastraye brille de mille feux à l’Est.
Au Sud-Est, c’est l’Italie, et on y distingue aisément les masses imposantes et rocheuses du Monte Matto et de l’Argentera que les sommets de la Haute Tinée ne peuvent cacher.
Au Sud, la Tête et le Bonnet Carré sont tout proches et le tour d’horizon ne serait pas complet sans jeter un grand coups d’œil à l’Ouest où le Mont Pelat, le Cimet, l’Estrop et les Séolanes dominent.

Le point culminant de la traversée est atteint !

• Le passage de l’arête Sud-Est jusqu’au Pas de la Petite Cavale

L’essentiel des difficultés sont concentrées dans la descente de cette arête...

Du sommet, suivre le fil un court instant et déjà contourner une strate rocheuse par la gauche (désescalade aisée).

Traverser la débonnaire crête jusqu’au promontoire d’en face (point 2904m).

Suivre la crête en son bord gauche en désescaladant des courts ressauts schisteux exposés et aériens (II).

Au bout d’une trentaine de mètres, un ressaut vertical nécessite son contournement par le versant Sud-Ouest et de revenir sur l’arête plus bas dans une des étroites vires formant cette très raide face (typique du Dévoluy pour les connaisseurs...).

Prêter vraiment attention à la qualité du rocher !!

Rejoindre la crête sous un improbable surplomb et une traversée périlleuse d’un éboulis béton à 50° et parvenir à une brèche au-dessus d’un couloir dévalant le versant Sud-Ouest.

Emprunter ce couloir et au but d’une dizaine de mètres, le quitter pour emprunter un réseau de dalles raides (II+) qui nous fait rattraper l’arête sous un autre ressaut impraticable.

On arrive au niveau d’un promontoire où l’on peut s’octroyer un moment de souffle !

Il faut ensuite se reporter en versant Est et suivre un court moment la large vire rayant tout le versant puis vite repérer un "muret" exposé à main droite qui fait passer un ressaut pratiquement vertical : c’est le passage clé !

Une désescalade aérienne (III-) d’une faille permet de surpasser ce mur et ainsi atteindre une zone de rochers moutonnés raides.

Un réseau d’éboulis raides mène sous un autre surplomb raide qui marque enfin la fin des difficultés.

Mais ce n’est pas terminé, il faut rejoindre le Pas de la Petite Cavale (2775m) par le fil de l’étroite arête en éboulis casse-gueule...

• La descente vers le Lauzanier...

Après toutes ces réjouissances, le Pas de la Petite Cavale marque la fin de la traversée des arêtes et l’on peut à présent emprunter le vallon minéral ramenant au Lac de Derrière la Croix (sente intermittente et nombreux cairns) puis le GR5 vers le Lac du Lauzanier et le parking après une longue descente...

Voilà pour la description de cet itinéraire plutôt audacieux et inédit sur la toile : je n’ai pas vu beaucoup de traces de passage sur l’arête Sud-Est de la Tête de Pelouse, ni de cairns... Ce qui indique que cet itinéraire ne doit pas être bien populaire...

Ps : j’ai bien nettoyé la zone et mis quelques cairns aux emplacements clés, c’est toujours ça.