Mont Blanc (4810m) - Éperon de la Tournette

Difficulté :
Alpinisme AD
Dénivelé :
3210m
Durée :
2 jours

L'une des plus belles manières d'atteindre le Mont Blanc par cet itinéraire sauvage. Solitude garantie. – Auteur :

Accès

Depuis Courmayeur, prendre la route du Val Veny.
La suivre jusqu’à la Visaille où se trouve un parking à l’entrée du hameau.

Précisions sur la difficulté

  • C’est l’ancienne voie normale italienne pour atteindre le Mont Blanc. L’itinéraire est logique et facile, anciennement coté PD+.
  • Le rocher n’est pas "béton".
  • Le refuge est une cabane équipée de couchettes et table. Il n’y a pas d’eau et il faut prévoir le temps d’en faire fondre.
  • L’altitude se fait sentir. Une fois au sommet la journée n’est pas finie, la descente est longue et il faut rester concentré jusqu’à atteindre le refuge Gonella. Ensuite on peut finir "au radar".
  • Pour ceux qui ont la caisse, la course est réalisable "à la journée" en partant très tôt (entre 22h et 1h suivant le rythme).
  • La trace gps est dessinée après coup. À partir de Combal le terrain changeant et l’imprécision des cartes rendent le dessin peu fiable.

Les infos essentielles

  • Dénivelé J1 : + 1770 m.
  • Dénivelé J2 : + 1440/- 3210 m.
  • Difficulté : AD, 3b.
  • Matériel :
    • 20 à 40 m de corde.
    • Sangles, coinceurs, broches à glace.
    • Matériel classique d’alpi.
    • De quoi faire fondre de l’eau à Quintino Sella.
Voir la carte en plus grand

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Itinéraire

Jour 1

Approche

Du parking, continuer sur la route et la piste carrossable jusqu’au refuge de Combal où elle prend fin.
Aller au Nord par les sentiers pour atteindre le lac de Miage puis monter sur le faîte de la moraine du glacier de Miage (sentier).
Le sentier descend sur le glacier recouvert d’un pierrier, évoluer dessus au mieux en suivant un balisage jaune. Environ 3 km plus loin se diriger à droite vers le glacier du Mont Blanc.

Montée au refuge Quintino Sella

Remonter le glacier sur quelques dizaines de mètres pour trouver sur l’éperon rocheux des câbles verts. Les suivre, passer quelques ressauts, vires et gradins parfois équipés de spits.
Pour atteindre la crête supportant le refuge, outre suivre l’équipement en place, gravir ces gradins au plus simple et direct (II).

Quand les conditions d’enneigement le permettent, plutôt que de remonter par l’éperon rocheux, on peut remonter le glacier puis un couloir de neige à gauche qui amène sur l’arête rocheuse du refuge. Pentes assez raides, 60°.

Jour 2

Ascension

Du refuge, se diriger vers l’éperon rocheux qui fait lui face puis le longer par la pente de neige/glace sur sa droite (rimaye à négocier vers le haut). Atteindre un replat, poursuivre droit devant en visant la base de l’éperon rocheux de la Tournette et un rognon rocheux un peu à droite.
Soit attaquer directement à sa base, soit remonter les pentes sur 50 ou 100 m à droite pour trouver d’autres départs. Gravir l’éperon directement en restant le plus proche du fil (III). L’ascension est entrecoupée par 3 passages neigeux parfois aériens. Le dernier amène directement sur l’arête issue des Bosses, à moins de 100 m du Sommet.

Descente

Du sommet, aller à l’Ouest pour prendre l’itinéraire de l’arête des Bosses et la suivre jusqu’au replat du refuge Vallot.
Contourner le Dôme du Goûter par son versant Sud pour prendre pied sur l’arête Goûter-Bionnassay.
Descendre cette arête jusqu’au Piton des Italiens, petit promontoire rocheux, le franchir (II) et descendre sur le col des Aiguilles Grises en contrebas au Sud.
Basculer main droite sur le glacier du Dôme (sud-sud-est) dans les pentes glaciaires et rejoindre le refuge Gonella. Vue l’heure à laquelle on utilise cet itinéraire, le départ est un peu exposé aux chutes de pierres, les ponts de neige sont fragilisés et quelques courts passages se font proches de séracs.
Du refuge, un sentier équipé et balisé permet d’atteindre le glacier de Miage.
Évoluer au mieux sur ce long pierrier et retrouver un sentier sur la moraine en rive droite. Revenir sur la Visaille.

Récit, impressions

Alexis :
Un rêve de gosse qui se réalise, premier Mont Blanc par un versant sauvage depuis la vallée et en autonomie. Grosse émotion au sommet avec larmichette, la fatigue aidant.

L’accès à Quintino Sella est déjà une course en soi, de difficulté homogène avec la journée du lendemain (voire même peut-être plus difficile en fonction des conditions ou du cheminement choisi). Et si on a la bonne idée de perdre le cheminement sur la fin, on peut même se faire quelques frayeurs dans le dernier ressaut au rocher bancal.

On pensait être seuls sur cet itinéraire, une autre cordée a eu la même bonne idée que nous. Aucun souci, l’itinéraire est suffisamment étendu en hauteur et largeur pour que ce ne soit pas gênant malgré la qualité du caillou (toutes nos excuses pour les pavés qu’on vous a envoyé malgré nos précautions, si vous nous lisez), mais il ne faut pas être beaucoup plus dedans (à cause du caillou en kit justement).

L’itinéraire n’est pas vraiment difficile, on comprend pourquoi il a été la voie normale italienne à une époque. Mais ça vaut vraiment le détour, ne serait-ce que pour éviter la foule des autres voies normales et pour l’ascension dans un terrain varié.

À propos de foule d’ailleurs, on a eu cette chance de se retrouver quelques minutes seuls au sommet à notre arrivée, magique. Puis ensuite, ce ne sont pas les rares cordées croisées qui nous ont dérangés, il régnait une belle atmosphère.

Concernant la descente, l’arête Dôme-Piton est bien belle, avec une vue sur Bionnassay qui donne envie d’y faire le détour. Par contre le pierrier glacier de Miage en fin de course est purgatif. Surtout quand on ne connait pas le petit sentier qui le surplombe par la moraine de rive (rive droite). Mais ça fait partie du jeu...

Lulu :
Accès au refuge Quintino Sella :
Belle approche té, ça échauffe !
La piste le long de la rivière so bucolique que si je m’écoute je reste deux jours ici à buller et à me baquer...
Le pitit lac de Miage pas si dément mais avé les cabris tous jeunes autour,
L’interminable remontée de la moraine / de l’océan de pierres du glacier du Miage, finalement sympa parce qu’avec des petites fleurs entre les cailloux, si !
Les fameuses pentes de glace qui faisaient si peur à la lecture des sorties, mais il gère ça en 3 petites longueurs avec juste deux courtes sections vraiment en glace vraiment raides.
L’échappée de suite à gauche vers le caillou, itinéraire évident et, surprise, spité : dans les dalles mais aussi les couloirs herbeux !
L’arrivée sur les pentes herbeuses, la longue remontée d’herbes en couloirs en arête, variée et ambiance... À part les 30 derniers mètres où on est passé dans du trop raide et expo, c’était grosse régalade cette journée : y a plus qu’à profiter de l’aprèm pour... Faire fondre et fondre et encore fondre de la neige !!!

Mont-Blanc par l’éperon de la Tournette :

Quand je passe commande d’une voie loin des foules, classe, et en-dessous de 3500m...
Le dernier critère est vite effacé (alors quitte à l’effacer autant l’exploser...), mais les deux précédents plus que validés !

Si le mythe Mont Blanc ne me tentait pas forcément en tant que tel, s’il peut être aboutissement d’une voie sauvage : feu !

C’était franchement mythique, pour le coup !
Une vraie course bien complète !

L’accès au refuge met déjà dans le bain (t’as pas bien envie de redescendre par le même itinéraire, quoi)...

L’aprèm à fondre et fondre et fondre de la neige : y a du défi pour le prochain (?) confinement, remplir la citerne à coup de fonte de névés avec le moins de gaz possible (à force tu perfectionnes ta technique, en faisant refroidir la marmite déjà bouillie et liquide en la trempant dans le seau rempli de neige, ce qui a le mérite de faire fondre un peu celle-ci pour accélérer la prochaine tournée...) !
Enfin clairement ça occupe l’aprèm, genre de 15h à 20h on n’a fait que... Faire fondre de la neige, pour se retrouver avec juste 7/9 litres avant épuisement du gaz.

Au réveil, point de comète mais de la neige raide qui fait moins peur à être dessus qu’à voir d’en face, parce que la texture est parfaite pour être bien et monter avec les mollets : efficace et no stress !

Selle neigeuse toute paisible et douce qui donnerait envie d’être vue de jour : nous ne la verrons que d’au-dessus, en même temps le timing était choisi pour ne pas traverser la rimaye éclairée...

Le caillou vite rejoint (à ma demande expresse même si y a moyen de poursuivre plus longtemps sur la neige...) : de bon à très mauvais, de un peu raide à juste éboulitesque, il offre le mérite de nous permettre de nous élever dans ce massif géant !

Quand nous arrivons à la neige, nous pensons chausser les crampons pour de longues heures, mais c’était sans compter sur deux derniers ressaut rocheux qui viennent tester notre résistance psychique à "enlèvera-enlèvera pas les crampons ?", ressauts entrecoupés de superbes arêtes neigeuses effilées et aériennes...
Et v’là enfin du monde visible à droite à gauche : serions-nous arrivés sur la Canebière ? Et non, ce n’est que l’arête des Bosses, et on a loupé le début des soldes : c’est "juste" la petite foule de fin de matinée, quoi. Mais nous passons entre les vagues, arrivant seuls au sommet pour profiter de notre émotion de l’instant partagé !

Descente en se souvenant que ça doit épuiser de sourire, quand une cordée sur 5 répond à mon bonjour enthousiaste, ça doit être l’effort... Mais quand pas beaucoup plus ne partagent un sourire, j’aimerais leur expliquer que ça ne coûte pas d’énergie à faire et que tu peux même en gagner ! M’enfin j’en avais à diffuser pour tout ce petit monde (fort courageux au demeurant vu l’horaire tardif et l’état de fatigue des foules) !

Descente typique de mon image des lieux : du blanc du blanc et des monstres séracs accrochés, des lignes de fuite et arêtes effilées (ahhh, attirante Bionassay), et descente expresse depuis le piton des italiens pour passer en courant entre les séracs et les ponts de neige qui fragilisent du glacier du Dôme.

De Gonella, y a plus qu’à se laisser rouler : s’il nous a été conseillé à plusieurs reprises d’y dormir pour garder du jus pour sa descente, nous l’avons au contraire trouvée formidablement marquée et équipée (cordes fixes, échelles). De vires en névés, nous voilà rapido au glacier de Miage : crevassé mais bien visiblement, bien plat et bien tracé, ça file encore.
Jusqu’à l’interminable moraine, enfin l’interminable plat pas vraiment plat couvert de cailloux... Si je m’étais promis d’apprécier, ça a été vrai le premier quart d’heure, j’étais fort contente de boucler la boucle en passant très rive droite dans la neige alors que nous étions arrivés par les cailloux rive gauche. Mais j’ai beau être réjouie dans la vie, un interminable plat ne sera pas appréciable éternellement : du coup, c’est lonnnng !
Sortie enfin en direction du lac, sortie bénie parce qu’annonçant la fin des hostilités.

Pour notre premier Mont Blanc (et notre première vraie montagne ensemble, d’ailleurs), dur de faire mieux !
Franchement enchantée d’avoir profité de ce panorama (tu comprends pourquoi il est international), tout en étant seuls au monde la plupart du temps, et sans trop de technologies "téléphériennes" (seule entorse à l’éthique en question, un tunnel hors de prix...).

C’était vraiment bon !

Avertissements et Droits d'auteur

Randonnée réalisée le 13 juillet 2020

Crédits : Merci à Lucile d'avoir accepteé de se lancer là-dedans sur un coup de tête.

Dernière modification : 6 septembre 2022

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Avis et commentaires

Belles photos et belle ambiance dans cet itinéraire sauvage ! Merci pour le partage !

Ah oui, ça fait rêver....Superbes photos !

Et la lecture de "LULU" est vachement sympa ...Belle course !Mais j’ai croisé pas mal de sourires aujourd’hui dans la traversée des crochues...C’est bien moins haut ...

Salut Alexis, superbe course qui fait rêver, de plus avec de très belles photos !
Très belle série de sorties, on en redemande !
A+

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